mercredi 30 septembre 2015

Lignes de fuite / LYDIA FINK. Une Installation in-situ au Pavillon du Dr Pierre

                                                                                  © Studio La Nana

Installation totale, Vanina Langer
Pour Nuit Blanche
Le 3 Octobre 2015 au Pavillon du Dr Pierre

Peintures murales, Lianes suspendues (tissus, dessins, branches, perles , fils de fer…). 
Dessin phosphorescent en partenariat avec Meryl Hubert de Studio La Nana.
Bande sonore : Musique : Anacosmos / Texte et voix : Vanina Langer.

Léo Fink a créé l’usine des Parfums Forvil au Pavillon du Dr Pierre pendant les années folles. D’origine juive, il fut déporté avec sa femme et ne revint pas. Lydia Fink, sa fille, sans doute cachée pendant la guerre, récupéra l’usine à la Libération et continua de créer des parfums ainsi que du dentifrice à la menthe poivrée jusqu’en 1969. On ne sait presque rien sur elle, à part qu’elle ne se maria pas et n’eut pas d’enfants. La seule anecdote que racontent les ouvrières, c’est qu’elle avait un amant, Mr Catela, qui teint officieusement l’usine avec elle, considéré comme le patron. Lydia Fink était réputée pour sa discrétion, son effacement. Le petit monde du Pavillon savait simplement, sans avoir jamais rien vu, qu’ils étaient amants et qu’ils partaient ensemble en vacances.
La résidence menée au Pavillon du Dr Pierre de Mai à Octobre 2015 a été l’occasion de développer un travail in-situ à partir des traces, lignes et fissures du lieu. Dans mon travail qui interroge la relation de la figure et du fond dans le paysage : Lydia Fink est une sorte de figure perdue. Étymologiquement, Lydie évoque le pays disparu du roi Crésus, et Fink, signifie “pinson” en juif alsacien. Alors cette femme absente est devenue une sorte d’oiseau dans un paysage disparu, et la sonorité de son nom de roman a déclenché une fiction.
Dans mes dessins et peintures, la figure a toujours déployé un réseau de liens ou de lianes pour s’incarner dans l’espace. Ici, ce personnage-espace devient une sorte d’éclaireuse de paysages éphémères, jouant sur le perpétuel basculement du point de vue qui éclate l’espace en d’infinies images. L’œuvre monumentale ouvre des béances bleu-nuit, morceaux de ciels ou vagues, et projette des lignes vers le point de fuite mobile de Lydia Fink à qui j’ai donné voix dans la bande sonore qui sort d’un des trou de l’ancienne salle à machines.



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